En Creuse, le seul club d’ULM s’appelle le PAL (Puyresson Air Loisirs). Il est situé sur la commune de Saint-Maurice-la-Souterraine. Créé il y a une trentaine d’années par un agriculteur, il réunit autour de lui une bande de copains passionnés d’avions.

Autour d’André Kémiec, ils sont une poignée de vénérables fous volants : Daniel Philippon, Philippe Mariette, Didier Cathelineau, François Leboeuf forment le « noyau dur » du PAL, le Puyresson Air Loisirs. Le seul club ULM de la Creuse.

La moyenne d’âge dépasse largement les soixante-dix ans. Mais lorsque la joyeuse bande se retrouve au club, les années s’envolent : « Ça, c'était le premier Guépard. T’en as eu combien ? ». Dans le petit bungalow qui sert à la fois de bureau et salle de restauration, les photos et les coupures de presse défilent. On y découvre une ribambelle de petits « avions » de toutes les formes et de toutes les couleurs. Ce sont des ultralégers motorisés. Leur poids maximal à vide ne doit pas dépasser 305 kilos. Le club en a compté jusqu’à sept.

Décollage de la piste du PAL • © Nicolas Chigot - France 3 Limousin

Aujourd’hui la flotte s’est un peu réduite, mais le mécanicien historique de l’association continue à bichonner les petits engins. "Il y a une surveillance à faire, principalement le moteur et la structure", indique Philippe Mariette.

Il faut vérifier qu’il n’y a pas de déchirure dans la toile. Ce sont des parties vitales pour le vol.

Philippe Mariette

mécanicien-trésorier du club ULM le « PAL »

Une histoire d'amitié

L’histoire du PAL a commencé dans les années 80. André Kémiec est éleveur bovin à Saint-Maurice-la-Souterraine, dans l’ouest de la Creuse. Mais il a une passion : les avions. Pour réaliser son rêve, il prend des cours de pilotage à l’aéroclub de Limoges où il obtient son brevet en 1989. Problème : Limoges est situé à 50 km de leur domicile. "Pour aller à Limoges, ça imposait de perdre une demi-journée, voire plus, pour voler souvent un quart d’heure où une demi-heure", se souvient André Kémiec.

Alors avec des copains qui avaient aussi envie de voler, on s’est dit qu’on pourrait faire un club.

André Kémiec

président du club ULM le « PAL »

Philippe Mariette bichonne les appareils du club • © Noëlle Vaille - France 3 Limousin

Sur l’une de ses prairies, l’agriculteur demande une autorisation pour créer une première piste orientée est-ouest, genre altiport : les avions décollent en descente et atterrissent en montant pour assurer plus de sécurité. C’est ainsi qu’à partir de 1992, à Puyresson, le lieu-dit où se trouve l’exploitation, les vaches se mettent ainsi à regarder passer les avions au-dessus de leur tête.

Chaque samedi midi, la bande de copains se retrouve chez André Kémiec (à droite) • © Noëlle Vaille - France 3 Limousin

Pendant deux ans, la bande de copains ne compte pas ses heures pour réaliser son ambitieux projet : des tranchées sont creusées pour l’alimentation électrique et de vastes hangars récupérés à Cogéma d’Ambazac sont entièrement reconstruits pour servir de bâtiments au club. Les travaux ont lieu principalement les week-ends. Puis enfin, un premier petit engin est acheté, un Europa 2 jaune citron, et les premiers vols ont lieu.

Rapidement, le petit club creusois prend de l’ampleur : au début des années 2000, le PAL compte sept ULM et une vingtaine de pilotes.  Des nouveaux sont formés et les journées portes ouvertes avec baptêmes de l’air attirent les curieux.

Quelques balades et un rituel

Aujourd’hui à Puyresson, les décollages sont plus rares, mais l’ambiance et la passion restent intactes. Chaque samedi midi, il y a un rituel : la quinzaine d'adhérents du PAL se retrouvent pour déjeuner dans le bungalow du club. François Leboeuf habite à quelques kilomètres. Il vient régulièrement en voisin avec son biplan, une copie des années 30 qu’il a construite. Cet ancien enseignant en lycée technique affiche 6 900 heures de vol en avion.

Il vole doucement, donc je reste très longtemps en l’air et c’est que du bonheur.

François Leboeuf

pilote adhérent du "PAL"

Le pendulaire de Didier Cathelineau • © Nicolas Chigot - France 3 Limousin

Un peu plus loin, Didier Cathelineau est l’un des premiers pilotes de deltaplane motorisé en France. C’était en 1979, à bord d’un appareil qu’il avait construit lui-même à partir d’un moteur de 2 CV. Cet autodidacte n’a jamais volé en avion et n’a pas de brevet, car sa passion, c'est l’ULM. Avec son dernier appareil, un pendulaire jaune et blanc, il fait régulièrement des balades.

C’est un pilotage simple, de sensations : à droite pour aller à droite et à gauche pour aller à gauche. Simplement en déplaçant le centre de gravité.

Didier Cathelineau

pilote adhérent du "PAL"

À voir et à écouter ces passionnés, voler semble un jeu d’enfant et le temps se suspend au-dessus du club ULM creusois.